UNE CERTAINE SOCIÉTÉ DE BOISSONS ÉNERGISANTES N’EST PAS ÉTRANGÈRE À LA CONTROVERSE. Une première incursion dans le monde du football, en prenant le contrôle du SV Austria Salzburg et en le rebaptisant subtilement Red Bull Salzburg, a entraîné une quasi-domination dans le championnat autrichien.
Cinq des huit titres de Bundesliga autrichienne disponibles depuis le rachat sont allés à la Red Bull Arena, également subtilement nommée, en plus des deux seules Coupes d’Autriche en 81 ans d’histoire. Est-il évident que Red Bull est l’entité derrière l’expérience de Salzbourg ?
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L’argent et le succès n’ont pas réussi à unifier les relations entre la salle du conseil et les terrasses. Des factions divisées sont apparues au sein de la base de fans et les Violettes, celles qui espèrent préserver les traditions de Salzbourg, ont organisé des vagues de protestations alors que Red Bull poursuivait ses plans d’investissement. Des dizaines de supporters ont quitté un match à domicile contre l’Austria Vienna et ont ensuite formé un club dissident, adoptant le nom original du club, SV Austria Salzburg.
La saison dernière, le club a terminé en tête de la section Ouest de la troisième division, mais a subi une défaite pénible lors d’un match de barrage pour la promotion, ce qui lui a permis de conserver un écart de deux ligues avec ses homologues de la Bundesliga autrichienne. Le seul réconfort réside dans deux victoires sur une équipe reléguée, le Red Bull Salzburg II, composée essentiellement de jeunes joueurs. Même ces rencontres se sont avérées typiquement ardentes, créant un précédent clair pour un match chargé d’émotion destiné à avoir lieu entre les deux équipes premières à l’avenir.
L’achat du plus grand club de Salzbourg et les acquisitions ultérieures d’entreprises basées à New York, au Brésil et au Ghana ont à peine fait la une des journaux sportifs, mais le projet du RB Leipzig, qui évolue rapidement, risque de susciter beaucoup de négativité, notamment parce qu’il porte atteinte au système de propriété 50+1 tant vanté dans le pays.
Traditionnellement un club de première division, le SSV Markranstädt a suscité l’intérêt de Red Bull après l’échec de l’offre de rachat du FC Sachsen Leipzig voisin. Des manifestations violentes ont contrecarré cette tentative de rachat et des protestations non violentes ont mis en péril l’accord avec Markranstädt, les supporters répandant du désherbant sur le terrain du Stadion am Bad. Les restrictions de la DFL (ligue allemande de football) sur les noms des équipes garantissent que Red Bull ne sera jamais intégré au nom, mais cela ne dissuade pas les dirigeants astucieux, qui nomment le club RasenBallsport Leipzig, qui se traduit par « sports de balle en pelouse de Leipzig » – raccourci en RB, un lien ténu mais reconnaissable avec le parrainage.
Une fois ratifié, cet accord pourrait changer le visage de la propriété du football allemand moderne.
Le projet de Red Bull s’apparente à une expérience de franchisage mondial. Les cinq équipes jouent dans une Red Bull Arena rebaptisée, ont un badge identique ou très similaire avec les célèbres taureaux, ont incorporé la RB dans le nom de leur équipe, sont surnommées Die Bullen (les taureaux) et portent des kits assortis. Leur objectif est clairement d’associer la marque à des succès dans le monde entier, et donc d’injecter des millions d’euros dans chaque club pour obtenir de tels triomphes – exactement ce que la plupart des fans allemands détestent et auxquels ils s’opposent farouchement. L’exploitation de la structure de propriété 50+1 est fondamentale pour leurs espoirs de gloire en Allemagne de l’Est.
50+1 est la notion selon laquelle les supporters conservent une participation majoritaire dans les clubs respectifs. Les supporters peuvent devenir membres de l’équipe qu’ils ont choisie pour une somme symbolique, recevant en retour un droit de vote dans les opérations quotidiennes. Grâce aux sièges réservés aux représentants des supporters au sein du conseil d’administration du club, ceux qui se trouvent dans les gradins sont fortement impliqués dans les processus décisionnels, de la fixation du prix des billets à l’élection du président du club.
En substance, les supporters disposent d’un droit de vote de contrôle, ce qui leur permet d’empêcher toute avancée des investissements commerciaux sans tenir compte des obligations morales du club. La publicité et les autres sources de revenus restent ouvertes aux entreprises, mais les dépenses d’investissement insoutenables d’un oligarque ne passeraient jamais, tant est grande la nature loyale des supporters envers leur équipe.
Sans enfreindre les règles à proprement parler, le RB Leipzig repousse les limites du système 50+1 de manière opportuniste. Un système d’adhésion obligatoire est en place et le club compte 11 membres, qui ont tous payé une cotisation initiale de 100 € et une cotisation annuelle faramineuse de 800 € ; le Borussia Dortmund a récemment dépassé les 100 000 membres payant 62 € chacun et est inondé de 2 000 nouvelles demandes chaque mois. Le chiffre dérisoire du RB ne fait que provoquer des signaux d’alarme – et le club peut rejeter une demande d’adhésion sans aucune explication. Si l’on considère que tous les membres sont des employés de la société de boissons, cela reste une anomalie dommageable par rapport à la pratique habituelle.
Les appels lancés à la DFL pour qu’elle réfute le système d’adhésion avant sa promotion en 2. Le président du Bayern, Karl-Heinz Rummenigge, s’est exprimé et a demandé à la DFL de revoir sa décision d’octroi de licence. Même si elle a été rejetée, il est presque certain que la société de boissons rafraîchissantes les aurait entraînés dans une longue et coûteuse procédure judiciaire.
En l’absence d’une base de fans traditionnelle pour tenir le conseil d’administration responsable, une forte injection de fonds a été nécessaire.